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jeudi 9 juin 2016

Les principes de base de la TCC : l'activité du patient.

    Dans l'article du 8 juin 2016, nous avons discuté de l'alliance thérapeutique, premier principe au fondement de la TCC. Nous allons aborder aujourd'hui le deuxième principe :

- l'activité du patient au cours de la TCC.

    Dans une psychanalyse classique, le patient est allongé sur un divan, il ne voit pas les mimiques, les gestuelles de l'analyste. Le patient est passif et possiblement dans un état régressif qui lui permet de remonter dans son passé, pour retrouver les souvenirs, les paroles, les éléments qui sont aujourd'hui manquants dans son histoire. Il restera toujours passif, faisant part de ses associations "libres" à l'analyste. L'activité serait plutôt du côté de l'analyse du fait de ses questions et de ses interprétations. La cure didactique -pour ceux qui souhaitent devenir analyste- permettrait des échanges plus nourris et une plus grande activité de la part du patient.
    Dans la TCC, le positionnement du patient est tout autre. D'abord il se trouve soit en face, soit à côté du thérapeute -par exemple, dans le cas d'une tâche commune-, il perçoit donc les réactions du thérapeute. Celui-ci lui demande d'être actif, de constituer avec lui une équipe au travail. Il y a, de la part du thérapeute, une exigence de participation, d'implication -qui peut-être parfois problématique à gérer pour le patient, notamment dans le cas de personnalité dépendante, qui attendent beaucoup des autres.
    L'activité du patient se situe d'abord dans la labellisation de ses situations-problèmes : celles qui lui occasionnent le plus de souffrance. Il doit nommer et classer les problèmes en fonction de leur urgence à être traités. Par ailleurs, le patient doit apporter ses croyances : pensées automatiques, postulats et travailler avec le thérapeute pour déterminer quelles sont ses croyances-noyau (core beliefs). En outre, il doit déterminer et faire ses TP [Tâches Personnelles] entre chacune des séances. Le patient doit se montrer de plus en plus actif au fur et à mesure de la progression de la thérapie et au fur et à mesure de la régression de son trouble qui devrait être concomittante. Le patient est également sollicité pour faire des résumés en cours de séance et à la fin de la séance pour montrer au thérapeute qu'il a bien compris les données essentielles qui ont été mises au jour. Enfin, le patient constitue des notes de thérapie, en faisant des fiches sur lesquelles il écrit les points abordés en séance, notamment les réponses aux pensées automatiques ou aux postulats. L'idée est que le patient passe d'une situation de passivité à la première séance à une situation où il se montrera totalement actif à la dernière.
    On parle parfois, pour désigner le "couple" thérapeute-patient de deux scientifiques qui travaillent ensemble sur un problème. Je ne partage pas cette image, car le thérapeute et le patient ne sont définitivement par sur le même plan. L'un aide l'autre, le premier possède une vision plus nuancée et différenciée, et si le patient vient en thérapie c'est que sa vision n'est pas "scientifique". Je propose plutôt de prendre l'image du vélo tandem. Seul le thérapeute guide le vélo [la thérapie] et les deux pédalent dans une même direction [la guérison du patient].
    Un des objectifs de la TCC est que le patient puisse devenir, dès lors qu'il aura terminé la TCC, son propre thérapeute. Réaliser ses tâches personnelles, opérer des petits changements tous les jours lui permettra d'aller de mieux en mieux et de résoudre seul les situations-problèmes qu'il rencontrera sur son chemin. La psychoéducation du thérapeute permettra au patient d'acquérir les compétences nécessaires. Nous en discuterons dans le prochain article.

A bientôt.

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