Pages

lundi 30 mai 2016

TCC - Psychanalyse : Présent et/ou Passé ? Pensées automatiques, postulats, croyances-noyau (core beliefs).

    Si pour la psychanalyse, l’infantile, et plus encore l'infantile œdipien, est à rechercher dans le présent, que ce soit dans les choix d’objets amoureux ou amicaux, les comportements ou les répétitions de séquences parfois douloureuses, les TCC se centrent sur le présent, sur les symptômes et les situations-problèmes actuels. Pour les TCC, il s’agit d’identifier les pensées automatiques, par exemple "Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?", les postulats conditionnels, par exemple, "Si je n'ai pas de soutien d'autrui dans mes entreprises, alors j'échouerais", les postulats inconditionnels, par exemple, "Le monde est dangereux" et les croyances-noyau, par exemple, "Je suis déficiente", puis de les évaluer en se basant sur les preuves concernant la véracité de ces cognitions, et de les modifier en fonction de la réalité observable et d'une meilleure adaptation à cette réalité.

    Dans le modèle cognitif des TCC, on peut distinguer, en référence à la première topique freudienne, trois niveaux de conscience dans lesquels se regroupent les cognitions : inconscient, préconscient et conscient :
 
    Les croyances-noyau se situent au niveau inconscient, elles peuvent se déduire des thèmes abordés dans les pensées automatiques, en utilisant la "flèche descendante" à partir des significations de la véracité d'une pensée automatique, ou être retrouvées à partir d'un questionnaire recensant les principales croyances-noyau. 

    Celles-ci peuvent se regrouper en trois catégories :
 
- L'impuissance de réalisation : "Je n'y arriverai jamais."
- L'indignité à être aimé : "Personne ne m'aime."
- Le manque de valeur : "Je ne vaux rien."
 

 <-- Pour lire la suite de l'article, merci de cliquez sur le lien : Plus d'options -->

    Les croyances-noyau sont élaborées inconsciemment à partir d'expériences infantiles et de paroles –évaluatrices positives, évaluatrices négatives- prononcées par le père, la mère, les frères et sœurs, les enseignants et toute personne importante pour l'enfant, l'adolescent et l'adulte. Judith Beck dans son ouvrage "Cognitive Therapy for Challenging Problems" page 289 cite l'exemple d'Hélène qui paraît à cet égard tout à fait éclairant : "Elle revint bouleversée de la maison de ses parents où son père l'avait rabaissée de n'avoir un emploi qu'à temps partiel et peu qualifié, de ne pas être mariée et de ne pas avoir d'enfant. Quand son thérapeute lui demanda à quel point elle se sentait déficiente, elle répondit : Je me sens déficiente à 100%" et page 291 "Je pense que [les paroles de] mon père me fait [me font] me sentir vraiment déficiente."

    Le patient et le thérapeute n'ont pas accès directement aux croyances-noyau car elles sont profondément enfouies et sont par ailleurs solidement ancrées dans le psychisme. Il est souhaitable de ne les travailler qu'à partir du milieu de la cure car sinon le patient pourrait se montrer résistant dès lors que le thérapeute montre trop d'empressement à les identifier, les évaluer et les modifier. Tout comme le surmoi psychanalytique internalisant les interdits parentaux, les croyances-noyau résulteraient de l'internalisation d'évaluations positives et négatives, liées à certains évènements primordiaux vécus par l'enfant ou l'adolescent.
 
    Les postulats, notamment conditionnels peuvent dériver des croyances-noyau et constituer des stratégies de coping. Par exemple, suite à la croyance-noyau, "Je suis déficiente", un postulat résultant pourrait être : "Si je n'ai pas de soutien, j'échouerai dans mes entreprises", en suivant, le patient pourrait adopter un comportement de dépendance, se mettant sous la coupe de l'autre pour accroître sa confiance en ses propres réalisations. Les postulats sont globaux, ils s'appliquent d'une manière générale et ne dépendent pas d'une situation particulière. Ils se situent au niveau inconscient ou préconscient. Leurs modifications sont plus faciles que celles des croyances-noyau mais plus difficiles que celles des pensées automatiques.
 
    Les pensées automatiques se situent au niveau conscient ou préconscient faciles d'accès pour certains patients et plus difficiles pour d'autres. Aaron Beck a nommé ces pensées automatiques du fait que la volonté, la raison, la pensée logique n'interviennent pas. Le travail thérapeutique débute par l'identification, l'évaluation et la modification de ces pensées automatiques. Elles sont, la plupart du temps, faciles à corriger. Il existe également des questionnaires recensant les pensées automatiques pour aider les patients qui auraient du mal à y avoir accès.

    Le modèle cognitif pourrait donc s'articuler de la manière suivante :
 
                Croyances-noyau (core belief)
                   [Niveau inconscient] 
                               \/
         Postulats inconditionnels, conditionnels 
           [Niveau inconscient et préconscient]
                               \/
                  Pensées automatiques 
          [Niveau conscient et préconscient]

    Nonobstant le fait qu'il s'agit pour les TCC de solutionner les situations-problèmes actuelles, il semble important, afin d'y procéder, de lier les cognitions actuelles (croyances-noyau) aux représentations mnésiques passées correspondantes (paroles paternelles ou maternelles par exemple). Dans l'exemple cité plus haut, Hélène aurait pu être aidé par son thérapeute pour remonter à la source des différents évènements au cours desquels le père a prononcé des paroles qu'elle a interprétées comme "déficiences", afin
d'évaluer et de discuter ces paroles à chacune des périodes, lorsqu'elle était enfant ou adolescente notamment par l'intermédiaire de jeux de rôles.

     En conclusion, à l'instar des psychanalystes qui recherchent le passé dans le présent des patients, il semble important, que les thérapeutes TCC partent du présent des patients et remontent systématiquement dans leurs passés afin de retrouver les paroles du père ou de la mère, par exemple, prononcées dans l'enfance ou l'adolescence sous-tendant les croyances-noyau. Retrouver ces paroles ["Tu es déficiente"] pour leur répondre afin d'en corriger la version internalisée ["Je suis déficiente"]. Ainsi, cette modification sera d'autant plus efficace et durable.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire