J'emploierais, dans ce texte, le masculin pour parler du patient ou de l'enfant afin d'éviter un style trop pesant. Mais bien évidemment la femme ou la fille sont tout autant impliquées que l'homme ou le garçon peuvent l'être.
En psychanalyse, l'essentiel de la cure tourne autour de l'Œdipe complet -l'être humain se comporterait comme un garçon et comme une fille vis-à-vis du père et de la mère, les aimant et les haïssant- et de la castration à tel point que Freud dans son dernier ouvrage paru en 1941 dans les Gesammelte Werke, conclut son chapitre "Un exemple de travail psychanalytique" par ce paragraphe:
"La structure psychique qui se montre la plus rebelle chez ses patients [de l'analyste] c'est chez la femme le désir du pénis et, chez l'homme, une attitude féminine à l'égard de son propre sexe, attitude dont la condition nécessaire est la perte de pénis." [Abrégé de la psychanalyse, p68, PUF]
D'une manière claire, la psychanalyse fait référence à l'infantile œdipien et à la castration en nous pour comprendre, expliquer les difficultés, les choix d'objets occasionnant de la souffrance, les répétitions douloureuses. Lors de la cure analytique, le patient doit respecter la règle fondamentale que Freud énonce ainsi :
"Nous lui imposons [au patient] d'obéir à la règle fondamentale qui doit désormais régir son comportement à notre égard. Le patient est obligé de nous révéler non seulement ce qu'il raconte intentionnellement et de bon gré mais encore tout ce que lui livre son introspection." [Abrégé de psychanalyse, p 41, PUF]
Dans les TCC, la vision est tout autre. Aaron Beck, qu'on pourrait considérer comme le père des TCC, ancien psychanalyste, a mis au jour lors des cures qu'il conduisait avec ses patients deux courants de pensées. Le premier flux correspondrait au discours résultant de l'introspection du patient, qui serait souvent en lien avec le passé. Le second flux coïnciderait à un discours présent, soit un discours sur le discours, un discours évaluateur.
A titre d'exemple, dans une thérapie, un patient pourrait faire part d'une expérience sexuelle vécue quelques années auparavant et en parallèle avoir la pensée automatique : "Mon thérapeute va me critiquer d'avoir eu un tel comportement" ou bien "Je n'aurais jamais dû agir comme ça." ou bien encore "Je ne devrais plus jamais le faire." Donc un premier flux de pensées suite à l'introspection et un second lié au premier et ayant souvent une valeur évaluative. On pourrait dire, en se basant sur la deuxième topique freudienne, que ce deuxième flux s'accorderait à un discours surmoïque.
C'est ce second courant de pensée qu'Aaron Beck a mis en évidence, et qui fait une grande partie de la richesse des TCC. Il nomme ce deuxième courant : "Pensées automatiques". Elles surgissent furtivement et constituent une évaluation de soi-même, de l'autre, ou du monde environnant. Nous en produisons de très nombreuses. Certaines pensées automatiques sont partagées par beaucoup comme les exemples suivants :
"Je n'y arriverai pas" en essayant de résoudre une difficulté.
"Je ne vaux rien" quand on vient d'essuyer une critique.
"Il va me rejeter" en essayant d'attirer l'attention d'autrui.
Ce discours sur le discours résulterait pour une part des évaluations parentales, père et mère –voire enseignants, frère ou sœur- portant sur l'enfant ou l'adolescent que chacun a été :
"Tu n'arriveras jamais à rien."
"Je n'ai jamais désiré ta naissance."
"Si tu n'obéis pas, je te mettrais en pension."
Les évaluations parentales, donc externes au sujet, seraient par la suite internalisées et ressortiraient sous forme de pensées automatiques. Qui dit "automatique" implique que le raisonnement n'est pas convié, que tout se passe en dehors d'un choix volontaire, d'un choix conscient et délibéré.
L'internalisation évaluative.
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Il est fréquent qu'en matière d'éducation un père ou une mère qualifie son enfant d'une manière positive : "Tu es doué", "Tu es brillant" ou d'une manière négative : "Tu es un bon à rien", "Tu finiras comme délinquant".
Le parent est vu par le jeune enfant comme celui qui sait, celui qui détient la vérité. Quand la mère annonce à son enfant : "le Père Noël va venir amener des joujoux si tu es sage !" l'enfant la croit car le matin du 25 décembre les jouets sont bien là, même si l'obéissance du bambin n'a pas toujours été au rendez-vous. Il en résulte une croyance qui s'ancre au fil des répétitions : "Le père Noël existe, il apporte des cadeaux." Il le croise même dans la rue avec son grand manteau rouge et sa barbe blanche, pourquoi douterait-il ?
En psychanalyse, l'essentiel de la cure tourne autour de l'Œdipe complet -l'être humain se comporterait comme un garçon et comme une fille vis-à-vis du père et de la mère, les aimant et les haïssant- et de la castration à tel point que Freud dans son dernier ouvrage paru en 1941 dans les Gesammelte Werke, conclut son chapitre "Un exemple de travail psychanalytique" par ce paragraphe:
"La structure psychique qui se montre la plus rebelle chez ses patients [de l'analyste] c'est chez la femme le désir du pénis et, chez l'homme, une attitude féminine à l'égard de son propre sexe, attitude dont la condition nécessaire est la perte de pénis." [Abrégé de la psychanalyse, p68, PUF]
D'une manière claire, la psychanalyse fait référence à l'infantile œdipien et à la castration en nous pour comprendre, expliquer les difficultés, les choix d'objets occasionnant de la souffrance, les répétitions douloureuses. Lors de la cure analytique, le patient doit respecter la règle fondamentale que Freud énonce ainsi :
"Nous lui imposons [au patient] d'obéir à la règle fondamentale qui doit désormais régir son comportement à notre égard. Le patient est obligé de nous révéler non seulement ce qu'il raconte intentionnellement et de bon gré mais encore tout ce que lui livre son introspection." [Abrégé de psychanalyse, p 41, PUF]
Dans les TCC, la vision est tout autre. Aaron Beck, qu'on pourrait considérer comme le père des TCC, ancien psychanalyste, a mis au jour lors des cures qu'il conduisait avec ses patients deux courants de pensées. Le premier flux correspondrait au discours résultant de l'introspection du patient, qui serait souvent en lien avec le passé. Le second flux coïnciderait à un discours présent, soit un discours sur le discours, un discours évaluateur.
A titre d'exemple, dans une thérapie, un patient pourrait faire part d'une expérience sexuelle vécue quelques années auparavant et en parallèle avoir la pensée automatique : "Mon thérapeute va me critiquer d'avoir eu un tel comportement" ou bien "Je n'aurais jamais dû agir comme ça." ou bien encore "Je ne devrais plus jamais le faire." Donc un premier flux de pensées suite à l'introspection et un second lié au premier et ayant souvent une valeur évaluative. On pourrait dire, en se basant sur la deuxième topique freudienne, que ce deuxième flux s'accorderait à un discours surmoïque.
C'est ce second courant de pensée qu'Aaron Beck a mis en évidence, et qui fait une grande partie de la richesse des TCC. Il nomme ce deuxième courant : "Pensées automatiques". Elles surgissent furtivement et constituent une évaluation de soi-même, de l'autre, ou du monde environnant. Nous en produisons de très nombreuses. Certaines pensées automatiques sont partagées par beaucoup comme les exemples suivants :
"Je n'y arriverai pas" en essayant de résoudre une difficulté.
"Je ne vaux rien" quand on vient d'essuyer une critique.
"Il va me rejeter" en essayant d'attirer l'attention d'autrui.
Ce discours sur le discours résulterait pour une part des évaluations parentales, père et mère –voire enseignants, frère ou sœur- portant sur l'enfant ou l'adolescent que chacun a été :
"Tu n'arriveras jamais à rien."
"Je n'ai jamais désiré ta naissance."
"Si tu n'obéis pas, je te mettrais en pension."
Les évaluations parentales, donc externes au sujet, seraient par la suite internalisées et ressortiraient sous forme de pensées automatiques. Qui dit "automatique" implique que le raisonnement n'est pas convié, que tout se passe en dehors d'un choix volontaire, d'un choix conscient et délibéré.
L'internalisation évaluative.
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Il est fréquent qu'en matière d'éducation un père ou une mère qualifie son enfant d'une manière positive : "Tu es doué", "Tu es brillant" ou d'une manière négative : "Tu es un bon à rien", "Tu finiras comme délinquant".
Le parent est vu par le jeune enfant comme celui qui sait, celui qui détient la vérité. Quand la mère annonce à son enfant : "le Père Noël va venir amener des joujoux si tu es sage !" l'enfant la croit car le matin du 25 décembre les jouets sont bien là, même si l'obéissance du bambin n'a pas toujours été au rendez-vous. Il en résulte une croyance qui s'ancre au fil des répétitions : "Le père Noël existe, il apporte des cadeaux." Il le croise même dans la rue avec son grand manteau rouge et sa barbe blanche, pourquoi douterait-il ?
Si la croyance au Père Noël peut réjouir l'enfant pendant ses premières années il en va tout autrement d'évaluations négatives proférées par le ou les parents tout au long des années d'enfance et d'adolescence.
On pourrait, par exemple, reprendre ce qui pourrait se passer pour un enfant ayant de mauvais résultats scolaires avec un parent qui l'évaluerait négativement :
1) Évènement : Mauvais résultats scolaires de l'enfant.
2) Évaluation négative du parent : Le parent, sans prendre en compte la problématique posée –mésentente dans la famille, enfant étranger avec des difficultés d'intégrations, harcèlement à l'école, nouveau venu dans la famille…- peut qualifier son enfant de "Nul", "Bon à rien", ou lui asséner : "Tu ne comprendras jamais rien."
On pourrait, par exemple, reprendre ce qui pourrait se passer pour un enfant ayant de mauvais résultats scolaires avec un parent qui l'évaluerait négativement :
1) Évènement : Mauvais résultats scolaires de l'enfant.
2) Évaluation négative du parent : Le parent, sans prendre en compte la problématique posée –mésentente dans la famille, enfant étranger avec des difficultés d'intégrations, harcèlement à l'école, nouveau venu dans la famille…- peut qualifier son enfant de "Nul", "Bon à rien", ou lui asséner : "Tu ne comprendras jamais rien."
3) Internalisation : Á force de répétition et en corrélation avec les résultats obtenus, -ces résultats validant également les dires du parent-, l'enfant passe du "Tu es nul" du parent au "Je suis nul" internalisé. Dès lors une nouvelle croyance est intégrée à la personnalité de l'enfant.
Une des approches des TCC sera d'identifier, d'évaluer et de répondre à cette croyance. Il me paraît intéressant avant d'y procéder de retrouver l'objet externe ayant donné lieu à cette pensée interne, en d'autres termes retrouver le parent qui a proféré ce dire évaluatif et si possible dans quelles circonstances, lors de quel ou quels évènements. Aaron Beck souligne l'importance des pensées automatiques comme phase interprétative d'évènements ou de situations. Elles produisent -les pensées automatiques- des réactions spécifiques de nature émotionnelle, et/ou comportementale, et/ou physiologique.
L'importante conséquence de cette vision de Beck est que ce n'est pas tant l'évènement en lui-même mais l'interprétation de cet évènement qui produira la réaction de l'individu.
On pourrait ainsi résumer le modèle cognitif de la manière suivante :
1) Évènement
2) Pensées automatiques du sujet (Interprétation de l'évènement, ce qu'il signifie pour lui)
3) Réaction émotionnelle et/ou comportementale et/ou physiologique.
Contrairement à la démarche analytique –faire part de son introspection-, l'approche thérapeutique TCC consiste, pour une part, à obtenir du patient ses pensées automatiques, à les évaluer en lui posant la question de la preuve, de leurs authenticités et en leur répondant, en contestant ces pensées, par exemple "Je suis nul", en élaborant : "Comme je réussis bien dans certains domaines comme la musique, le théâtre, ou dans ma carrière professionnelle, cette pensée que je suis nul n'est pas vraie." Aaron Beck posera l'existence "au-dessus" des pensées automatiques, de postulats conditionnels, de postulats inconditionnels et de croyances-noyau inconscients dont je discuterai dans de prochains articles.
A bientôt.
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