Il est d’abord essentiel de souligner, de mettre en évidence, d’accentuer le fait que la guérison du patient, que ce soit dans le cadre d'une thérapie cognitive ou d'une psychanalyse, résulte de la parole. De la parole avec des mots de tous les jours, une parole qui permet au patient d’exprimer ses pensées, ses croyances, ses douleurs profondément enfouies, de relater les évènements difficiles qu’il a vécus, voire subis, de les exposer –et c’est parfois extrêmement difficile- à celui chez qui il se rend pour "aller mieux".
Si l’utilisation de la parole est partagée à la fois par la psychanalyse et la TCC, il n’en est pas de même pour les questionnaires. Les analystes en règle générale et les lacaniens en particulier rejettent l’évaluation quel qu’en soit le but. Un numéro du Nouvel Ane portait même en titre : "L'évaluation tue". Au fond, ne serait-ce pas plutôt ce qu’on fait de l’évaluation que l’évaluation en elle-même qui pose problème ?
Dans le cadre des TCC, cette évaluation a pour objectif d’établir "la ligne de base" c’est-à-dire un support pour poser un diagnostic et une référence pour constater si, à la fin de la thérapie, le traitement a été efficace en comparant les questionnaires de début et de fin de thérapie. Par ailleurs, pour le thérapeute, travailler à la fois sur la parole et sur un questionnaire permet de tester la cohérence entre ce que dit le patient et les réponses qu’il renseigne dans les formulaires. Bien évidemment, il ne s’agit pas de juger et encore moins de condamner, telle ou telle réponse apportée. Pas de norme en la matière, pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Il s'agit simplement d'informations qui vont permettre au thérapeute TCC d'élaborer une conceptualisation et un traitement qu'il proposera au patient.
Dans ses ouvrages à destination des thérapeutes, Judith Beck propose de demander au patient de remplir, chaque semaine, avant chaque séance, les questionnaires liés à son trouble, par exemple dans le cas d’un patient dépressif :
- Le "Beck Depression Inventory."
- Le questionnaire de Beck sur le désespoir.
- L’inventaire de Beck sur l’anxiété.
Au-delà de l’idée de faire le point sur l’avancement de la cure, il y a aussi l’idée de ne pas passer à côté d’un patient suicidaire et de lier la thérapie à une approche scientifique puisque les questionnaires sont étalonnés. Toutefois, le thérapeute TCCiste devrait être conscient que les réponses du patient ne sont pas toujours des réponses "vraies", elles correspondent à sa réalité. Celui-ci peut choisir des réponses désirables, omettre certains choix par qu’il lui est difficile d’accepter telle ou telle idée. Par exemple, certains patients ayant fait des tentatives de suicide ne sont pas forcément prêts à le reconnaître et donc à l'indiquer dans un questionnaire. D’autres se montrent particulièrement reluctants –opposants- à cette approche. Clairement, le thérapeute se doit de respecter et d'agir en fonction du choix du patient.
Dans son article "Sur le cognitivisme" inclut dans l’ouvrage "l’Anti Livre Noir de la Psychanalyse" (ALNP) Clotilde Leguil mentionne : "Guérir c’est corriger une distorsion", "Il suffira de détruire, de brûler, de supprimer pour rétablir le bon fonctionnement." (ALNP p 262) et plus loin "Le retour à la raison –pensée intellectuelle- c’est le retour à la santé mentale." (ALNP p 270)
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Cette description ne correspond en rien à la réalité du terrain. S'il est vrai qu'une partie du travail en TCC, à savoir la restructuration cognitive, permet bien d'identifier, d'évaluer et de modifier les pensées automatiques, les postulats conditionnels, les postulats inconditionnels, les injonctions et les croyances-noyau (core beliefs), il est totalement faux d'affirmer qu'il faudrait "détruire, "supprimer" car rien dans le passé n'est à brûler, à détruire, à supprimer, tout simplement parce que c'est impossible ! Ce qui est arrivé s'est réellement produit, le passé est le passé…Par contre, ce que la thérapie TCC autorise c'est permettre au patient de construire une autre perspective, une autre vision des choses, une autre compréhension de ce qui est advenu et cette démarche change beaucoup de choses, notamment les pensées, les comportements et les émotions actuels. Quant au retour à la raison, à la pensée intellectuelle, elle est indispensable pour sortir de "l'imaginaire", de l'illusion de ce que le patient croit vrai, partie fondamentale dans les TCC tout comme dans la psychanalyse. Car au fond, si la raison est abandonnée, il n'y a plus de jugement et s'il n'y a plus de jugement, comment le sujet peut-il opérer une différence entre sa réalité psychique et la réalité extérieure ? Et si le patient ne fait plus de différence entre ces deux sortes de réalité, le chemin vers la psychose semble ouvert. Donc oui, le retour à la pensée intellectuelle, le questionnement socratique des soi-disant vérités, des croyances contribue au retour à la santé mentale.
De plus, à la parole, à la dimension cognitive, s'ajoutent –et c'est ce qui fait la richesse des TCC- l'expérimentation comportementale et le travail sur les émotions. L'expérimentation comportementale permet de mettre à l'épreuve les postulats, par exemple, "Si je parle à X, il va me rejeter". Seule la confrontation à la réalité permettra de valider ou pas cette prédiction. Ce que Judith Beck nomme les "homework", que je traduis par TP –Tâches Personnelles-, et qui doivent être réalisées entre les séances, permettent de progresser plus rapidement vers la guérison. Face à des patients peu réceptifs à cette démarche, elles peuvent également être rendues optionnelles. Si le patient constate des bénéfices en les pratiquant, il pourra se montrer plus enclin à en réaliser de nouvelles. Enfin, le travail sur les émotions et notamment sur l'angoisse est également très important. Deux approches possibles : la première consiste à faire régresser l'angoisse grâce à des exercices de relaxation ou bien par des exercices d'exposition, et la deuxième approche –l'ACT : la thérapie d'acceptation et d'engagement- consiste à accepter l'émotion négative ressentie.
En conclusion, le patient grâce à la restructuration cognitive, à l'expérimentation comportementale et au travail sur les émotions aura de bonnes chances de guérir de son trouble. Celui-ci aura très nettement régressé et, en outre il saura gérer efficacement son angoisse même si celle-ci ne disparaitra pas totalement. En effet, la vision d'une vie sans aucune angoisse n'est tout simplement pas réaliste. On peut ajouter, qu'à l'issue de la thérapie, le patient aura appris à être son propre thérapeute ce qui constitue une différence notable d'avec la psychanalyse même si Karen Horney, célèbre psychanalyste néofreudienne et culturaliste, a publié un ouvrage sur l'auto-analyse.
A bientôt.
Si l’utilisation de la parole est partagée à la fois par la psychanalyse et la TCC, il n’en est pas de même pour les questionnaires. Les analystes en règle générale et les lacaniens en particulier rejettent l’évaluation quel qu’en soit le but. Un numéro du Nouvel Ane portait même en titre : "L'évaluation tue". Au fond, ne serait-ce pas plutôt ce qu’on fait de l’évaluation que l’évaluation en elle-même qui pose problème ?
Dans le cadre des TCC, cette évaluation a pour objectif d’établir "la ligne de base" c’est-à-dire un support pour poser un diagnostic et une référence pour constater si, à la fin de la thérapie, le traitement a été efficace en comparant les questionnaires de début et de fin de thérapie. Par ailleurs, pour le thérapeute, travailler à la fois sur la parole et sur un questionnaire permet de tester la cohérence entre ce que dit le patient et les réponses qu’il renseigne dans les formulaires. Bien évidemment, il ne s’agit pas de juger et encore moins de condamner, telle ou telle réponse apportée. Pas de norme en la matière, pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Il s'agit simplement d'informations qui vont permettre au thérapeute TCC d'élaborer une conceptualisation et un traitement qu'il proposera au patient.
Dans ses ouvrages à destination des thérapeutes, Judith Beck propose de demander au patient de remplir, chaque semaine, avant chaque séance, les questionnaires liés à son trouble, par exemple dans le cas d’un patient dépressif :
- Le "Beck Depression Inventory."
- Le questionnaire de Beck sur le désespoir.
- L’inventaire de Beck sur l’anxiété.
Au-delà de l’idée de faire le point sur l’avancement de la cure, il y a aussi l’idée de ne pas passer à côté d’un patient suicidaire et de lier la thérapie à une approche scientifique puisque les questionnaires sont étalonnés. Toutefois, le thérapeute TCCiste devrait être conscient que les réponses du patient ne sont pas toujours des réponses "vraies", elles correspondent à sa réalité. Celui-ci peut choisir des réponses désirables, omettre certains choix par qu’il lui est difficile d’accepter telle ou telle idée. Par exemple, certains patients ayant fait des tentatives de suicide ne sont pas forcément prêts à le reconnaître et donc à l'indiquer dans un questionnaire. D’autres se montrent particulièrement reluctants –opposants- à cette approche. Clairement, le thérapeute se doit de respecter et d'agir en fonction du choix du patient.
Dans son article "Sur le cognitivisme" inclut dans l’ouvrage "l’Anti Livre Noir de la Psychanalyse" (ALNP) Clotilde Leguil mentionne : "Guérir c’est corriger une distorsion", "Il suffira de détruire, de brûler, de supprimer pour rétablir le bon fonctionnement." (ALNP p 262) et plus loin "Le retour à la raison –pensée intellectuelle- c’est le retour à la santé mentale." (ALNP p 270)
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Cette description ne correspond en rien à la réalité du terrain. S'il est vrai qu'une partie du travail en TCC, à savoir la restructuration cognitive, permet bien d'identifier, d'évaluer et de modifier les pensées automatiques, les postulats conditionnels, les postulats inconditionnels, les injonctions et les croyances-noyau (core beliefs), il est totalement faux d'affirmer qu'il faudrait "détruire, "supprimer" car rien dans le passé n'est à brûler, à détruire, à supprimer, tout simplement parce que c'est impossible ! Ce qui est arrivé s'est réellement produit, le passé est le passé…Par contre, ce que la thérapie TCC autorise c'est permettre au patient de construire une autre perspective, une autre vision des choses, une autre compréhension de ce qui est advenu et cette démarche change beaucoup de choses, notamment les pensées, les comportements et les émotions actuels. Quant au retour à la raison, à la pensée intellectuelle, elle est indispensable pour sortir de "l'imaginaire", de l'illusion de ce que le patient croit vrai, partie fondamentale dans les TCC tout comme dans la psychanalyse. Car au fond, si la raison est abandonnée, il n'y a plus de jugement et s'il n'y a plus de jugement, comment le sujet peut-il opérer une différence entre sa réalité psychique et la réalité extérieure ? Et si le patient ne fait plus de différence entre ces deux sortes de réalité, le chemin vers la psychose semble ouvert. Donc oui, le retour à la pensée intellectuelle, le questionnement socratique des soi-disant vérités, des croyances contribue au retour à la santé mentale.
De plus, à la parole, à la dimension cognitive, s'ajoutent –et c'est ce qui fait la richesse des TCC- l'expérimentation comportementale et le travail sur les émotions. L'expérimentation comportementale permet de mettre à l'épreuve les postulats, par exemple, "Si je parle à X, il va me rejeter". Seule la confrontation à la réalité permettra de valider ou pas cette prédiction. Ce que Judith Beck nomme les "homework", que je traduis par TP –Tâches Personnelles-, et qui doivent être réalisées entre les séances, permettent de progresser plus rapidement vers la guérison. Face à des patients peu réceptifs à cette démarche, elles peuvent également être rendues optionnelles. Si le patient constate des bénéfices en les pratiquant, il pourra se montrer plus enclin à en réaliser de nouvelles. Enfin, le travail sur les émotions et notamment sur l'angoisse est également très important. Deux approches possibles : la première consiste à faire régresser l'angoisse grâce à des exercices de relaxation ou bien par des exercices d'exposition, et la deuxième approche –l'ACT : la thérapie d'acceptation et d'engagement- consiste à accepter l'émotion négative ressentie.
En conclusion, le patient grâce à la restructuration cognitive, à l'expérimentation comportementale et au travail sur les émotions aura de bonnes chances de guérir de son trouble. Celui-ci aura très nettement régressé et, en outre il saura gérer efficacement son angoisse même si celle-ci ne disparaitra pas totalement. En effet, la vision d'une vie sans aucune angoisse n'est tout simplement pas réaliste. On peut ajouter, qu'à l'issue de la thérapie, le patient aura appris à être son propre thérapeute ce qui constitue une différence notable d'avec la psychanalyse même si Karen Horney, célèbre psychanalyste néofreudienne et culturaliste, a publié un ouvrage sur l'auto-analyse.
A bientôt.
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