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lundi 18 juillet 2016

TCC - Un modèle générique des schémas



TCC: Un modèle générique de schéma.

Le psychothérapeute constate fréquemment que les expériences positives que vit un patient non seulement ne remettent pas en cause ses croyances-noyau négatives mais qu'elles peuvent les renforcer. Le modèle développé ci-dessous permet de se faire une représentation du déroulement des séquences. 

1) La croyance-noyau négative résulterait d'un message extérieur internalisée, par exemple suite à un message d'une figure d'autorité (mère, père, enseignants) : "Tu es stupide", l'enfant pourrait intégrer ce message comme un message de vérité, de pure vérité qui ne sera pas mis en question car venant d'une figure d'autorité toute-puissante ou indispensable à sa sécurité : "Maman a raison, je suis stupide." Les messages extérieurs ultérieurs, en lien avec ce schéma, seront systématiquement comparés au message internalisé, à la croyance-noyau.

2) S'il n'y a pas de dissonance entre le message extérieur, ce que le patient se dit ou ce que d'autres lui disent, et le message internalisé, le message extérieur renforcera la croyance-noyau puisque sa tonalité est la même.

3) S'il existe une dissonance entre le message extérieur et le message intérieur, et que le message extérieur peut être négativé, il le sera et renforcera ainsi la croyance-noyau négative. Dans le cas où il ne peut l'être, il est tout simplement rejeté pour ne pas altérer la croyance-noyau qui demeure négative, confortant ainsi ce message de vérité postulé par l'enfant.

        Après le diagramme générique du schéma, vous trouverez trois exemples de messages extérieurs.












 


jeudi 7 juillet 2016

TCC et psychanalyse : Origine des croyances noyau (core beliefs)


    Pour la psychanalyse, les croyances-noyau sont liées à la sexualité –sexualité étendue par Freud aux zones orale, anale et phallique-, en d'autres termes à la situation œdipienne et à la castration. Elles pourraient s'exprimer chez une femme dite "phallique" de la manière suivante : "Puisque je suis convaincue d'avoir été castrée, je revendique ce dont ma mère m'a privé." Cette vision –uniquement sexuelle- me paraît restrictive et s'il n'est pas question de nier le poids de la sexualité dans le champ des croyances, il me semble –compte tenu de ce qu'on observe dans la clinique - essentiel d'en élargir le champ.

        Les TCC permettraient de comprendre comment ces croyances s'élaborent, se développent et se maintiennent.

Au niveau de l'élaboration des croyances, celles-ci résulteraient :

·        De la parole des figures d'autorité : père, mère, enseignants, des figures importantes pour l'enfant.
o   Paroles concernant l'enfant :
"Tu es…", "Tu n'es pas…", "Tu es plus…", "Tu es moins…"
"Tu dois", "Il faut…"
"Tu ne dois pas…", "Il ne faut pas…"
"Tu peux…", "Tu ne peux pas…"
"Si…alors…, sinon alors…
o   Paroles concernant l'extérieur :
"Le monde est…"
"Les autres sont…"
·        Des situations à partir desquelles la parole de la figure d'autorité sera prononcée.
·        De modèle d'enfant idéal auquel se réfère "inconsciemment" la figure d'autorité.
·        Des propres croyances, injonctions et règles de la figure d'autorité.
·        La projection, utilisée par la figure d'autorité, pourrait occasionner l'intégration chez l'enfant de ces croyances parentales.

Exemple :
        Croyance d'incompétence chez la mère.
Situation : L'enfant ne comprend pas le travail qu'elle doit rendre en classe.
Mère : "C'est simple, tu es stupide." [Projection]
L'enfant est confronté à une situation d'échec à laquelle s'ajoute l'évaluation négative de sa mère.
Enfant [Introjection de la parole maternelle] : "Puisque je ne réussis pas, maman a raison, je suis stupide."

Les croyances-noyau seraient élaborées chez l'enfant suite aux discours des figures d'autorité liés à certaines situations en référence à un modèle idéal auquel la figure d'autorité est attachée.

Au fur et à mesure des multiples répétitions et des expériences validant ce discours, les croyances se développeraient chez l'enfant. Suite à l'exemple développé plus haut, il pourrait résulter chez cette petite fille une croyance d'incompétence qui sera par la suite étendue à toutes les situations de ce type et non plus liée uniquement à la situation initiale dans laquelle elle ne parvenait pas à faire son travail pour l'école.

Les croyances se maintiennent dans la mesure où le discours considéré comme pure vérité proviendrait d'une figure d'autorité toute-puissante.  Remettre en cause ce discours reviendrait à mettre en cause la toute-puissance de la figure d'autorité – accepter que ma mère, mon père peut mentir, se tromper, ne pas toujours dire la vérité-, ce qui n'est pas forcément immédiat pour un enfant, ni même d'ailleurs pour un adulte. Le maintien pourrait s'expliquer également par le fait qu'il est difficile de remettre en cause le discours de la figure d'autorité qui peut être à la fois une figure de sécurité. En prenant l'exemple maternel de la figure d'autorité, remettre en cause son discours pourrait générer de la part de cette figure une menace d'abandon qui serait douloureusement vécue par l'enfant dans la mesure où il dépend entièrement d'elle pour répondre à ses besoins.

Travail psychothérapeutique : 

1) Pour un enfant, la figure d'autorité dit toujours la vérité. Il s'agit dans un premier temps de contester cette idée et d'accepter que la figure d'autorité n'est pas toute-puissante : ma mère, mon père n'a pas forcément toujours raison.
2) C'est aussi discuter sa propre toute-puissance : Ai-je toujours raison dans ce que je pense ou dans ce que je dis ?
3) Discuter les discours de la figure d'autorité liées aux différentes situations en s'appuyant sur la temporalité, ce qui était vrai à un moment donné est-il toujours valide aujourd'hui ? N'y a-t-il pas d'autres compréhensions possibles ?
4) Discuter des croyances internes intégrés chez l'enfant et maintenues à l'état adulte.






Thèmes des croyances.
        Adapté du questionnaire de Matthew Mc Kay intégré dans son ouvrage "Prisoners of Belief" édité par New Harbinger Publications, vous trouverez, ci-dessous, quelques exemples de croyances-noyau classées par thème.

·        Valeur personnelle :
    "Je ne vaux rien."
    "Je ne peux pas avoir une conversation intéressante."

·        Sécurité :
"La vie est dangereuse."
"Je suis anxieux d'être malade."

·        Performance/Résultats :
"Je ne suis pas aussi compétent que les autres."
"Quand je fais confiance à mon propre jugement, je prends de mauvaises décisions."

·        Force du moi :
"Je n'ai pas la force dont j'ai besoin pour résoudre la plupart de mes problèmes."
"Je ne contrôle pas mes pulsions."

·        Amour :
"Je crains d'être abandonné."
"Je ne me sens pas entouré par ma famille."

·        Autonomie :
"Je ne fonctionne pas bien tout seul."
"Je n'aime pas passer du temps tout seul."

·        Sentiment d'appartenance, d'intégration :
"Parfois je me sens comme un extra-terrestre."
"D'habitude les gens ne m'incluent pas dans ce qu'ils font."

·        Vision des autres :
"La plupart des gens ne tiennent pas leurs promesses."
"Je préfère être trop méfiant que trop crédule."

·        Perfectionnisme :
"J'ai des règles très tranchées pour moi-même."
"C'est très grave si je commets des erreurs."