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samedi 30 avril 2016

Le cognitivisme comme nouvelle langue ?



        Il paraît plutôt cocasse que Clotilde Leguil –lacanienne- évoque "une nouvelle langue parlée par les cognitivistes actuels" [ALNP p 265]  En effet, si on se rapporte à la lecture des Écrits de Lacan et même à la plupart de ses séminaires, il semble difficile de soutenir que la langue qu'il emploie soit du français parlé par tout un chacun au contraire de Freud qui a choisi l'allemand courant. Les textes de Freud se lisent comme des romans ce qui est très loin des écrits de Lacan. Ce dernier s'appuie et détourne les langages mathématique (mathèmes et topologie), linguistique et philosophique. Je passe sur le lien fait entre mathématique et poésie à la fin de l'article…

        Les cognitivistes parlent-ils une nouvelle langue ? INFO ou UN FAUX ? Réponse à la fin de ce post.

        Je discuterais ici de la langue utilisée et parlée par les TCCistes dans leurs écrits et leurs pratiques. Je m'appuierais sur les deux ouvrages de Judith Beck, la fille de celui qui a établit les bases et développé la partie cognitive des TCC :

- Cognitive Behavior Therapy Second Edition, Basics and Beyond, Guilford Press
- Cognitive Therapy for Challenging Problems, Guilford Press

        Il est également possible de vous référer aux nombreux ouvrages TCC référencés sur mon site : 


        Si on suit l'argument du texte "Sur le cognitivisme" concernant ce point, le thérapeute TCCiste adopterait un langage informatique voire mathématique du fait qu'il verrait en face de lui non pas un sujet qui parle mais une machine, dont les caractéristiques serait sa mémoire vive, sa mémoire morte, sa mémoire de masse (et non sa mémoire dure… comme l'écrit Clotilde Leguil), ses bugs. "Le modèle sur lequel le cognitivisme se fonde pour expliquer la pensée est la machine" [ALNP p258]

        Eh bien non, le thérapeute fondant sa pratique sur les TCC n'utilise pas ce vocabulaire informatique, sa langue n'est pas non plus particulière. Il s'exprime en français courant comme a pu le faire Freud. La pratique du thérapeute TCCiste se fonde sur la parole du patient. Il paraît vraiment banal de l'affirmer et pourtant essentiel de le souligner. Le thérapeute ne voit pas le patient en face de lui comme une machine mais comme un être humain souffrant, comme un sujet ayant besoin d'aide. Les nombreux exemples cliniques mentionnées dans les deux ouvrages de Judith Beck ne laissent aucun doute sur le sujet ; ils se lisent –pour ceux qui lisent l'anglais- sans problème particulier. Le langage étant même, dans les échanges thérapeute - patient, familier.

Les termes suivants sont particulièrement utilisés dans les écrits TCCistes :
- les schémas.
- les pensées automatiques.
- les postulats conditionnels et inconditionnels.
- les croyances noyau.
- les dysfonctionnements cognitifs.

Je les aborderai dans de prochains articles.

Pour répondre à la question initiale : INFO ou UN FAUX ? UN FAUX !

A bientôt.

jeudi 28 avril 2016

A propos de l'article "Sur le cognitivisme" de Clotilde Leguil

     Ce premier article portera sur le recensement de certains points développés dans le texte de Clotilde Leguil "Sur le cognitivisme" paru dans l'Anti Livre Noir de la Psychanalyse (ALNP) aux Éditions du Seuil dans la collection Points Essais en 2008. Je souhaite questionner les vues qui me paraissent incorrectes et développer les points qui me semblent intéressants pour proposer des améliorations à l'approche TCC (Thérapies Cognitives et Comportementales). Donc, partir de la psychanalyse pour enrichir les TCC -l'inverse pourrait également être vrai mais ça ne sera pas mon propos- et travailler dans une démarche intégrative plutôt qu'exclusive.

    Voici les différents points que je discuterai :

1) Le cognitivisme comme nouvelle langue.

Le cognitivisme serait une nouvelle langue proche du langage informatique, (ALPN p259, p265) voire du langage mathématique. "Lacan qui aimait les mathématiques", (ALNP p276), "les mathématiques font couple avec la poésie" (ALNP p277)

2) Le patient assimilé à un ordinateur.

Dans sa compréhension des choses, Clotilde Leguil semble comparer le patient à une machine dont il faudrait corriger les bugs. (ALPN p258) Dans sa vision des TCC, l'être humain serait caractérisé par sa quantité de mémoire vive, de mémoire morte, de mémoire de masse, de ses capacités d'encodage…

3) La résolution de problème.

Clotilde Leguil met l'accent sur la résolution de problèmes dans l'approche TCC. Le problème psychique vu comme un problème mathématique (ALNP p271), une sorte d'équation du second degré (p258, p262) dont il faudrait trouver la solution (ALNP p263, p266). Les TCC permettraient de "résoudre tous les problèmes par la raison", "Un problème psychique ne se distingue pas d'un problème logique" (ALNP p262), "la solution n'est pas inscrite d'avance comme un oui ou un non" (ALNP p271)

4) Le sens du symptôme/problème.

"Il n'est plus question de chercher le sens singulier d'un problème pour un sujet" (ALNP p262)

5) L'histoire du problème.

"Un problème n'a pas nécessairement à être abordé par rapport à son histoire, il s'agit plutôt d'évaluer les données actuelles" (ALNP p 262)

6) La persuasion du thérapeute.

"Que peut faire un psychologue cognitiviste avec qui la méthode de la persuasion ne marche pas" (ALNP p270)

7) La cure TCC comme structure.

La cure TCC serait une norme à laquelle il faudrait se conformer (p271), "le patient doit se soumettre à l'expérimentation que les autres veulent faire sur lui" (ALNP p274), "que le patient devienne un bon élève" (ALNP p275)

8) L'efficacité de la cure.

"Les cognitivistes prétendent à l'efficacité" (ALNP p262), "traiter les problèmes des patients efficacement" (ALNP p269), "La validation d'une méthode cognitiviste c'est la mesure" (ALNP p273),

9) La guérison du patient.

"Résoudre un problème ou guérir c'est corriger une distorsion" (ALNP p 262), Guérir, serait obtenir un bon score sur une échelle de guérison (p273), "Au terme d'une TCC vous reconnaissez avoir eu tort…le retour à la raison c'est le retour à la santé mentale" (ALNP p270), "il suffira de détruire, de brûler, de supprimer, pour rétablir le bon fonctionnement" (ALNP p262)