Introduction.
Aaron Beck, psychiatre américain né le 18 juillet 1921, peut être considéré comme le père de la thérapie cognitive. Il élabore cette nouvelle approche thérapeutique alors qu'il a été formé à la psychodynamique et pratique la psychanalyse comme la plupart des psychiatres des années cinquante. Le chemin qui le conduit à s'intéresser à cette discipline semble provenir de son histoire personnelle.
Aaron Beck est le fils cadet d'une fratrie de cinq enfants. Son père, émigré de Russie, était imprimeur et porteur de valeurs humanistes ; sa mère, femme volontaire, a laissé de côté son rêve de faire des études médicales pour s'occuper de ses enfants. Elle aurait été dépressive après la mort d'une fille durant l'épidémie de grippe de 1919. Beck faillit lui-même mourir d'une septicémie ; afin de le soigner il fut brutalement séparé de sa mère ce qui a pu constituer pour lui un évènement traumatique. Cette expérience infantile marquante développa en lui une crainte de l'abandon et des inquiétudes à propos de sa santé. Par ailleurs, le redoublement d'une classe le conduisit à penser de lui-même qu'il était idiot et stupide. Sollicitant et obtenant de l'aide de ses frères aînés, il devint dès lors excellent à l'école. Après l'obtention de son bac, il s'orienta vers des études de médecine puis vers la neurologie qui l'attirait du fait que, dans cette discipline, le médecin peut localiser précisément la lésion cause de la maladie à partir d'une observation minutieuse. Pourtant, après avoir fait un stage obligatoire en psychiatrie, il se passionna pour ce champ ainsi que pour la psychanalyse dont il pensait qu'elle lui apporterait des réponses concernant les troubles dont il souffrait.
Bien qu'il fut notablement influencé par la théorie freudienne et qu'il soit devenu lui-même psychanalyste, Beck éprouvait pour cette approche une certaine ambivalence. Il trouvait que les principes psychanalytiques allaient à l'encontre de sa nature pragmatique. Il restait troublé par le manque de base scientifique et d'efficacité de cette méthode et se décida à apporter les preuves empiriques de sa validité afin de convaincre la communauté scientifique et peut-être se convaincre totalement lui-même.
Aaron Beck est le fils cadet d'une fratrie de cinq enfants. Son père, émigré de Russie, était imprimeur et porteur de valeurs humanistes ; sa mère, femme volontaire, a laissé de côté son rêve de faire des études médicales pour s'occuper de ses enfants. Elle aurait été dépressive après la mort d'une fille durant l'épidémie de grippe de 1919. Beck faillit lui-même mourir d'une septicémie ; afin de le soigner il fut brutalement séparé de sa mère ce qui a pu constituer pour lui un évènement traumatique. Cette expérience infantile marquante développa en lui une crainte de l'abandon et des inquiétudes à propos de sa santé. Par ailleurs, le redoublement d'une classe le conduisit à penser de lui-même qu'il était idiot et stupide. Sollicitant et obtenant de l'aide de ses frères aînés, il devint dès lors excellent à l'école. Après l'obtention de son bac, il s'orienta vers des études de médecine puis vers la neurologie qui l'attirait du fait que, dans cette discipline, le médecin peut localiser précisément la lésion cause de la maladie à partir d'une observation minutieuse. Pourtant, après avoir fait un stage obligatoire en psychiatrie, il se passionna pour ce champ ainsi que pour la psychanalyse dont il pensait qu'elle lui apporterait des réponses concernant les troubles dont il souffrait.
Bien qu'il fut notablement influencé par la théorie freudienne et qu'il soit devenu lui-même psychanalyste, Beck éprouvait pour cette approche une certaine ambivalence. Il trouvait que les principes psychanalytiques allaient à l'encontre de sa nature pragmatique. Il restait troublé par le manque de base scientifique et d'efficacité de cette méthode et se décida à apporter les preuves empiriques de sa validité afin de convaincre la communauté scientifique et peut-être se convaincre totalement lui-même.
L'émergence de la thérapie cognitive.
Au début des années 1960, Aaron Beck se décida à vérifier sur ses patients, le principe psychanalytique selon lequel la dépression résulterait d'une agressivité inconsciente initialement dirigée vers l'autre puis retournée contre soi. S'appuyant sur le postulat de Freud que le rêve est la voie royale d'accès à l'inconscient, il étudia les rêves de ses malades afin d'y trouver des traces de cette agressivité. A sa grande surprise, il observa des thèmes de perte et d'échecs que les patients relataient déjà consciemment et peu de thèmes d'agressivité. Si les éléments générateurs du trouble étaient accessibles à la conscience, alors la primauté de l'inconscient devait être révisée. Il en conclut que le trouble dépressif résultait de la façon dont les patients s'imaginaient être plutôt que le résultat d'un conflit de forces inconscientes. Pour Beck, il n'était plus nécessaire d'explorer les profondeurs du psychisme dès lors que les représentations que les patients ont d'eux-mêmes, des autres et de leur futur expliqueraient à la fois leurs rêves et leurs symptômes. Il nomma ce triptyque - des vues négatives sur soi, le monde et le futur - la triade cognitive. De plus, il mis en évidence le rôle des schémas, des groupements de croyances qui déforment le traitement de l'information afin que chaque perception soit en cohérence avec ces schémas existants.
Durant plusieurs années, Beck, expérimenta en aidant les patients à reconnaître leur discours intérieur qui consistait le plus souvent en des pensées automatiques fugitives constituées d'auto-dévalorisations et d'interprétations biaisées d’événements anodins et trouva qu'il pouvait les aider à travers un questionnement socratique et des expérimentations comportementales afin d'examiner la véracité de leurs propres croyances. Pour établir sa théorie qu'il nomma la thérapie cognitive, il se dégagea de la psychanalyse selon laquelle la source des symptômes résidait dans les pulsions inconscientes et selon laquelle les symptômes ne pouvaient pas être traitées directement sans provoquer des mécanismes de défense ce qui nécessitait un long temps de thérapie. Il s'écarta aussi de la thérapie comportementale pour laquelle les problèmes viennent de forces externes pouvant être résolues en réorganisant l'environnement. Aucune de ces deux approches - psychanalytique et comportementale - n'attachaient d'importance au fait que les croyances du patient jouaient un rôle fondamental dans la production de symptômes douloureux.
Ayant créé un nouveau modèle, il entreprit de le valider empiriquement. Pour le concevoir, il s'appuya sur des philosophes comme Epictète, d'autres psychanalystes comme Karen Horney et Alfred Adler et d'autres théoriciens comme Georges Kelly, Albert Ellis, Richard Lazarus et Albert Bandura.
Dans les thérapies qu'il conduisit avec ses patients dépressifs, Beck remarqua que ces derniers manifestaient deux courants de pensée en parallèle :
· un premier courant volontaire et verbalisé,
· un autre courant constitué d'un discours interne interprétatif caché portant sur soi, le thérapeute ou le monde environnant.
Ce deuxième flux était retenu par les patients soit parce qu'ils en avaient honte, soit qu'ils avaient peur de se montrer agressifs vis à vis du thérapeute, ou bien encore qu'ils craignaient d'être jugés négativement.
Observant que ce second courant de pensées était en grande partie conscient ou préconscient et d'autre part en lien avec les émotions, Beck incita ses patients à saisir ce discours qu'il nomma "pensées automatiques " et à lui en faire part sans réserve. Cette nouvelle approche consistant à identifier, évaluer et répondre à ces pensées automatiques, améliora nettement l'état des patients. Il établit ainsi que les symptômes dépressifs étaient la conséquence de ces croyances négatives et d'un traitement de l'information erroné. En identifiant ces cognitions biaisées et négatives, principalement des pensées et des croyances comme une première caractéristique de la dépression, il développa un traitement court, orienté vers le présent dont l'un des buts fondamentaux est de tester la véracité des croyances des patients dépressifs. Sa théorie cognitive du changement - changer les pensées négatives et les croyances - ouvrit la voie à un des traitements les plus efficaces de notre époque. Beck pour valider son approche s'engagea dans une évaluation empirique de sa théorie cherchant continuellement à la tester et à l'améliorer. Ces études empiriques ont eu pour but de confronter sa méthode aux meilleurs traitements existants.
Durant plusieurs années, Beck, expérimenta en aidant les patients à reconnaître leur discours intérieur qui consistait le plus souvent en des pensées automatiques fugitives constituées d'auto-dévalorisations et d'interprétations biaisées d’événements anodins et trouva qu'il pouvait les aider à travers un questionnement socratique et des expérimentations comportementales afin d'examiner la véracité de leurs propres croyances. Pour établir sa théorie qu'il nomma la thérapie cognitive, il se dégagea de la psychanalyse selon laquelle la source des symptômes résidait dans les pulsions inconscientes et selon laquelle les symptômes ne pouvaient pas être traitées directement sans provoquer des mécanismes de défense ce qui nécessitait un long temps de thérapie. Il s'écarta aussi de la thérapie comportementale pour laquelle les problèmes viennent de forces externes pouvant être résolues en réorganisant l'environnement. Aucune de ces deux approches - psychanalytique et comportementale - n'attachaient d'importance au fait que les croyances du patient jouaient un rôle fondamental dans la production de symptômes douloureux.
Ayant créé un nouveau modèle, il entreprit de le valider empiriquement. Pour le concevoir, il s'appuya sur des philosophes comme Epictète, d'autres psychanalystes comme Karen Horney et Alfred Adler et d'autres théoriciens comme Georges Kelly, Albert Ellis, Richard Lazarus et Albert Bandura.
Les deux courants de pensées.
Dans les thérapies qu'il conduisit avec ses patients dépressifs, Beck remarqua que ces derniers manifestaient deux courants de pensée en parallèle : · un premier courant volontaire et verbalisé,
· un autre courant constitué d'un discours interne interprétatif caché portant sur soi, le thérapeute ou le monde environnant.
Ce deuxième flux était retenu par les patients soit parce qu'ils en avaient honte, soit qu'ils avaient peur de se montrer agressifs vis à vis du thérapeute, ou bien encore qu'ils craignaient d'être jugés négativement.
Observant que ce second courant de pensées était en grande partie conscient ou préconscient et d'autre part en lien avec les émotions, Beck incita ses patients à saisir ce discours qu'il nomma "pensées automatiques " et à lui en faire part sans réserve. Cette nouvelle approche consistant à identifier, évaluer et répondre à ces pensées automatiques, améliora nettement l'état des patients. Il établit ainsi que les symptômes dépressifs étaient la conséquence de ces croyances négatives et d'un traitement de l'information erroné. En identifiant ces cognitions biaisées et négatives, principalement des pensées et des croyances comme une première caractéristique de la dépression, il développa un traitement court, orienté vers le présent dont l'un des buts fondamentaux est de tester la véracité des croyances des patients dépressifs. Sa théorie cognitive du changement - changer les pensées négatives et les croyances - ouvrit la voie à un des traitements les plus efficaces de notre époque. Beck pour valider son approche s'engagea dans une évaluation empirique de sa théorie cherchant continuellement à la tester et à l'améliorer. Ces études empiriques ont eu pour but de confronter sa méthode aux meilleurs traitements existants.
Efficacité de l'approche cognitive pour la dépression.
La thérapie cognitive a d'abord été testée pour étudier son efficacité sur les troubles dépressifs. En 1977, lui et ses collègues de l'Université de Pennsylvanie publièrent un essai contrôlé et randomisé au cours duquel la thérapie cognitive s'avéra plus performante que le traitement médicamenteux standard courant. Non seulement les patients ont répondu aussi bien qu'avec la prise d’antidépresseurs mais l'effet s'est révélé beaucoup plus durable après la fin du traitement. Ceci constituait la preuve manifeste de l'effet persistant de la thérapie cognitive affirmée depuis longtemps mais jamais jusqu'alors démontrée. Suite à trente années de recherches, ces affirmations précoces ont été totalement étayées empiriquement et la proposition que ce traitement a des effets durables pour les troubles non psychotiques qu'on ne retrouve pas dans le traitement allopathique est validé par la littérature produite depuis lors. La thérapie cognitive a évolué au fil des ans, elle a été révisée sur la base des essais expérimentaux et des expériences cliniques permettant ainsi de la généraliser à d'autres troubles.
Cette approche a été étendue et adaptée à d'autres troubles :
· les TOC,
· l'attaque de panique,
· la phobie sociale,
· les phobies simples,
· les troubles alimentaires,
· le stress post-traumatique,
· les addictions,
· les problèmes de couples...
La thérapie cognitive a été amplifiée avec la théorie des schémas pour le traitement des troubles de la personnalité notamment la personnalité borderline.
Extension de la thérapie cognitive.
Cette approche a été étendue et adaptée à d'autres troubles : · les TOC,
· l'attaque de panique,
· la phobie sociale,
· les phobies simples,
· les troubles alimentaires,
· le stress post-traumatique,
· les addictions,
· les problèmes de couples...
La thérapie cognitive a été amplifiée avec la théorie des schémas pour le traitement des troubles de la personnalité notamment la personnalité borderline.
Les questionnaires.
La thérapie cognitive impose au patient entrant en thérapie et à intervalles réguliers la passation de questionnaires afin d'établir une ligne de base et de contrôler son évolution. Celle-ci est réalisée à l'aide de formulaires grâce auxquels le thérapeute relève la valeur des indicateurs relatifs au trouble et peut ainsi en fonction de la croissance ou de la décroissance de ces indicateurs déterminer l'évolution du trouble.
Voici certains des tests élaborés par Aaron Beck et utilisés dans le traitement du trouble dépressif:
· Beck Depression Inventory : (BDI)
· Beck Anxiety Inventory : (BAI)
· Beck Hopelessness Scale : (BHS)
· Beck Scale for Suicide Ideation : (BSS)
Beck a écrit plus de 450 articles et de nombreux livres parmi lesquels :
· Cognitive Therapy of Depression
· La thérapie cognitive et les troubles émotionnels
· Love is never enough
· Prisonniers de la haine
Sa fille Judith Beck a pris la suite de son père en publiant :
· Cognitive Behavior Therapy - Basics and Beyond
· Cognitive Therapy for challenging Problems
Aaron Beck a eu un impact majeur dans le champ de la psychopathologie et du traitement des troubles mentaux en se basant sur une approche scientifique, empirique, efficace dans un temps relativement court. Il est le bâtisseur de l'une des psychothérapies les plus utilisées et les plus efficaces d'aujourd'hui. Sa réussite semble due en partie à son insistance à soumettre ses idées aux tests empiriques les plus exigeants possibles. Ses notions théoriques sur le rôle des cognitions dans l'étiologie et le maintien des troubles psychiques ont révolutionné le domaine et les innovations cliniques.
Voici certains des tests élaborés par Aaron Beck et utilisés dans le traitement du trouble dépressif:
· Beck Depression Inventory : (BDI)
· Beck Anxiety Inventory : (BAI)
· Beck Hopelessness Scale : (BHS)
· Beck Scale for Suicide Ideation : (BSS)
Les livres.
Beck a écrit plus de 450 articles et de nombreux livres parmi lesquels : · Cognitive Therapy of Depression
· La thérapie cognitive et les troubles émotionnels
· Love is never enough
· Prisonniers de la haine
Sa fille Judith Beck a pris la suite de son père en publiant :
· Cognitive Behavior Therapy - Basics and Beyond
· Cognitive Therapy for challenging Problems