Il peut paraître étonnant, incompréhensible, vue de l'extérieur, que certaines personnes victimes de traumatismes n'évoquent pas leur souffrance, leur existence dramatique, n'en parlent pas aux forces de police ou de justice, n'en discutent pas avec certains membres de leur famille ou avec leurs amis proches. Elles continuent à endurer, à souffrir de violences sexuelles, à subir des humiliations, des coups ; elles sont régulièrement maltraitées sans aucune perspective réaliste d'amélioration, semblant ainsi valider les actions destructrices de leur bourreau.
Qu'entendre par traumatisme ?
Dans ce texte, je me place dans le cadre de relations interpersonnelles personnelles ou professionnelles au cours desquelles un sujet semble sous l'emprise d'une personne jugée "supérieure" et dont elle dépend comme un parent, un conjoint, un supérieur hiérarchique. Les traumatismes peuvent être de nature sexuelle -abus sexuel-, physique par exemple recevoir régulièrement des coups et/ou psychologique comme le fait d'être placé dans des situations humiliantes ou dévalorisantes d'une manière répétée.
Pourquoi se taire ?
- En raison d'un besoin de punition lié à un sentiment de culpabilité initial qui exigerait de payer pour les choses dont on penserait -inconsciemment- être coupable.
- Du fait qu'on pense sa parole inefficiente, que personne ne croira ce qu'on a tant de mal à dire.
- Car on pense être, au final, responsable des actes qu'on subi, de les avoir soi-même provoqués.
- Parce qu'on pense que le bourreau est tout-puissant, qu'il a tout pouvoir et qu'il ne sera jamais inquiété.
- En raison du mal qu'on serait susceptible de lui causer du fait des révélations -par exemple révéler l'existence d'un père incestueux-
- Parce qu'on imagine que parler pourrait conduire à la destruction, à l'anéantissement de celui ou celle dont on subi la violence.
- Par crainte de représailles dont on imagine qu'elles pourraient faire perdre la vie. L'idée serait alors : "Subir et se taire mais rester en vie."
- Parce qu'on a honte des choses commises, et que les révéler rendrait cette honte encore plus forte et insupportable.
- Du fait que le bourreau est en même temps une personne dont on dépend affectivement ou matériellement.
- Parce qu'évoquer ces faits renforcerait le sentiment de culpabilité.
- D'une manière générale par crainte des conséquences pour soi et l'autre.
- Par crainte de reproches ou de désaprobations de personnes proches.
- Par crainte de reproches ou de désaprobations de personnes proches.
Pourquoi parler ?
Pour sortir de cette prison, de cet enfermement, pour se libérer, arrêter de souffrir, afin d'envisager un avenir plus radieux, un ciel plus bleu. Devenir ainsi actif et acteur de sa propre vie au lieu de subir des dégradations physiques et psychologiques. Pour se libérer de cette culpabilité sous-jacente.
Parler, pour enfin vivre et vivre libéré(e).
Comment faire ?
Accepter de faire confiance à une personne bienveillante qui pourra aider à favoriser le cours de la parole.
En surmontant ses résistances internes qui bloquent le flux des mots.
En identifiant et en développant ses propres ressources.
En travaillant
sur les raisons, si elles existent, d'une culpabilité sous-jacente qui
aboutira à une libération extérieure et intérieure.
En acceptant les conséquences de la libération de sa parole.
En envisageant sa nouvelle vie, un an après les révélations, en essayant de la voir à moyen terme, en en envisageant tous les changements positifs.