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mardi 1 novembre 2016

Psychanalyse et TCC : les courants de pensées

    Freud conçoit la méthode analytique à partir du procédé cathartique inventé par Breuer dans le traitement qu'il élabora pour Anna O. Ce cas est relaté dans les études de l’hystérie publié conjointement par Breuer et Freud.

    Ce procédé cathartique repose sur l’élargissement du conscient par l’intermédiaire de l’hypnose et par la mise du patient dans l'état psychique dans lequel il se trouvait lors de la première manifestation du symptôme. Grâce à l'état hypnotique, les souvenirs, pensées ou impulsions se trouvent à nouveau accessible à la conscience du patient. Il lui suffit alors de relater ces informations tout en extériorisant ses émotions pour que le symptôme se trouve supprimé et empêché de resurgir. Toutefois Freud fait le constat que tous les patients ne se laisse pas hypnotiser, que l'hypnose ne détruit pas les résistances mais les masque et ne procure que des succès passagers.

    Pour Freud l'efficacité thérapeutique repose sur la décharge de l'affect. Il s'agit donc d'une approche économique, décharge d'un quantum d'affect bloqué, "étouffé" lié à l'acte psychique repoussé. L'efficacité de ce procédé n'est pas due à la suggestion du médecin.
 
    La méthode analytique dégagée par Freud se débarrasse de l'hypnose et de la suggestion
• Le patient s'allonge sur le divan. 
• Le psychanalyste se met derrière le patient. (Freud avait du mal à regarder ses patients 8 à 10 heures par jour) 
• Le psychanalyste n'influence pas le patient. 
• Le patient n'est pas obligé de fermer les yeux (comme dans l'hypnose). 
• Le thérapeute "évite" de toucher le patient. 
• Le patient est invité à dire tout ce qui lui passe par la tête, sans opérer de sélection dans les pensées, images, scénarios qui lui viennent à l'esprit. 
• L'analyste travaille sur les résistances du patient qui, avec l'abandon de l'hypnose, se manifestent.

    Une conséquence de l'abandon de la méthode cathartique au profit de la psychanalyse est que l'élargissement de la conscience n'a plus lieu. Freud y trouve un substitut en notant que dans les associations du "malade", il se produit deux courants de pensées : un courant volontaire et un courant involontaire. Le courant de pensées tel qu'il s'exprime dans la cure résulte de la volonté du patient, ce courant n'intéresse pas particulièrement Freud qui attend plutôt les pensées perturbatrices, involontaires du patient. Ce dernier a tendance à les rejeter ; il peut en avoir honte ou les trouver pénibles. C'est à partir de ces pensées fortuites, négligées, que Freud remonte vers les pensées refoulées. Les pensées refoulées sont donc dégagées par le thérapeute des pensées involontaires du patient.

    L'art d'interpréter du psychanalyste se fonde sur les trois temps suivants : 
1) Discours volontaire du patient. (Celui-ci reste utile pour élaborer l'anamnèse du patient) 
2) Pensées perturbatrices, involontaires du patient.
3) Le psychanalyste, à partir de ces pensées non choisies, remonte vers les pensées refoulées. 
    Nous pouvons remarquer qu'Aaron Beck dans les TCC mentionne également deux courants de pensées. Il appelle "pensées automatiques" ce que Freud nomme pensées incidentes et spontanées indépendantes de la volonté du patient. 
    Freud ne limite pas son art d'interpréter aux pensées fortuites mais prend en compte diverses productions du patient : 
• Ses rêves. 
• Ses actes intentionnels. 
• Ses actes dénués de but. 
• Ses lapsus, actes manqués. 

    Les objectifs d'une psychanalyse peuvent se formuler de différentes manières : 
• Supprimer les amnésies. 
• Lever tous les refoulements. 
• Expliquer les mystérieuses réactions du psychisme. 
• Rendre l'inconscient accessible au conscient. 

    Freud détermine les indications de la méthode analytique : 
• Que le patient souffre d'une psychonévrose avec des symptômes peu violents et peu dangereux : névrose obsessionnelle, hystérie, phobies, aboulie. 
• Que le patient soit intéressant… 
• Que le patient ait moins de cinquante ans… 
• Que les malformations du caractère ne soient pas trop enracinées.

     Freud termine par la durée idéale d'une psychanalyse. Il exige une durée allant de trois mois à trois ans, tolérant une durée plus courte pour les cas plus légers.

    Au final, l'issue heureuse d'une psychanalyse se résume pour le patient à : 
• Sa guérison pratique, le patient est débarrassé de ses symptômes. 
• La récupération de ses facultés d'agir. 
• La capacité de jouir de l'existence.